La dictature du smiley, lol
Il parait que certaines personnes collent des smileys et des lol à tout bout de mail ou de tweet. À la soucoupe, on ne voit pas du tout de quoi VinZ parle :)
Avez-vous remarqué que la plupart de nos correspondances électroniques sont accompagnées d’un ![]() 
 ![]() ou encore d’un bon lol bien gras quand les grands défenseurs de  Molière usent du MDR ? Entendons-nous bien que j’aborde ici les  conversations personnelles. Car dans un cadre professionnel, si vous  avez réussi à vous faire embaucher avec un
 ou encore d’un bon lol bien gras quand les grands défenseurs de  Molière usent du MDR ? Entendons-nous bien que j’aborde ici les  conversations personnelles. Car dans un cadre professionnel, si vous  avez réussi à vous faire embaucher avec un ![]() dans votre CV, vous êtes soit clown de profession soit menteur.
 dans votre CV, vous êtes soit clown de profession soit menteur.
Le smiley est devenu tellement courant que ça en devient naturel.  Impossible d’envisager une blague au second degré sur les réseaux sociaux  sans ajouter le ![]() qui aura pour lourde tâche de faire comprendre qu’on déconne, le
 qui aura pour lourde tâche de faire comprendre qu’on déconne, le ![]() qu’on éprouve de la sympathie pour une personne et le
 qu’on éprouve de la sympathie pour une personne et le ![]() qu’on est ptdr. Je passerai sur le #fail, puisque de nos jours, si tu ne tagues pas ta vie, tu es à la ramasse.
 qu’on est ptdr. Je passerai sur le #fail, puisque de nos jours, si tu ne tagues pas ta vie, tu es à la ramasse.
Et le lol, n’en parlons même pas. On le tape en fin de phrase sans y  réfléchir davantage. Pour autant, on ne sourit pas nous-même lors de son  écriture. Vous me direz, on aurait l’air con, à la limite du dangereux  psychopathe (il ne doit y avoir que le joker de Batman qui sourit quand  il tape “lol”).
On lol pour désamorcer une discussion, on lol pour un kitten, on lol  pour un #fail, on lol tout court. et Bernard Pivot aime des airs. (Tu  lol ?)
Mais comment faisait-on auparavant ? Je veux dire, avant les sms ?  Alors certes, on s’envoyait beaucoup moins de correspondances écrites,  mais prenons l’exemple de la carte postale. Ceux de mon âge et au-delà  (des années 80, on se comprend), on a tous envoyé des dizaines de cartes  postales étant jeunes. Je n’ai pas souvenir d’avoir mis du ![]() en signature pour démontrer que le soleil était bien au rendez-vous !  Probablement qu’étant donné que la correspondance était destinée à une  personne connue, on était davantage en confiance et on risquait moins la  mauvaise interprétation. Aujourd’hui, à l’heure du réseau  one-to-million, un message humoristique mais sans lol peut faire  basculer le monde entier, provoquer des faillites en bourse et que  sais-je encore !
 en signature pour démontrer que le soleil était bien au rendez-vous !  Probablement qu’étant donné que la correspondance était destinée à une  personne connue, on était davantage en confiance et on risquait moins la  mauvaise interprétation. Aujourd’hui, à l’heure du réseau  one-to-million, un message humoristique mais sans lol peut faire  basculer le monde entier, provoquer des faillites en bourse et que  sais-je encore !
Imaginez le mémo de Steve Jobs : “je pars en congés maladie… lol” et le  mémo “je pars en congés maladie…”. Si on écarte d’emblée le fait que  Steve Jobs ne soit pas le genre de type à faire des blagues ailleurs que durant une Keynote un iPhone à la main en se foutant de la gueule de  Nokia, on reconnaîtra l’importance du lol dans la compréhension du  message. Peut-être que les “…” peuvent encourager une interprétation  divergente mais ça laisserait la porte ouverte à tous les délires.
 Ceux qui n’ont plus l’âge pour faire partie de la “lol generation” n’usent guère de ces excès de clavier, et pourtant ils sont quasiment  tout autant connectés que nous, génération lol, Y ou Millennials (c’est selon la mode). Étaient-ils plus stricts à l’école au point  qu’un traumatisme leur a interdit de dessiner des figures joyeuses sur  leurs brouillons ? Ou sont-ils simplement mauvais en dessin ?
Ceux qui n’ont plus l’âge pour faire partie de la “lol generation” n’usent guère de ces excès de clavier, et pourtant ils sont quasiment  tout autant connectés que nous, génération lol, Y ou Millennials (c’est selon la mode). Étaient-ils plus stricts à l’école au point  qu’un traumatisme leur a interdit de dessiner des figures joyeuses sur  leurs brouillons ? Ou sont-ils simplement mauvais en dessin ?
Attention, ce constat de la génération sérieuse n’est pas une  généralité, je connais des personnes qui lolent et smilent chaque jour,  et j’exclus la marionnette de Nikos aux Guignols. On le voit simplement  en passant en revue certains comptes Twitter. Par exemple, à l’heure où  j’écris ces mots (en esquivant tant bien que mal le ![]() ), vous avez @ Vinvin qui
 ), vous avez @ Vinvin qui ![]() au 3ème tweet, @ pjournel au 8ème et @ guybirenbaum qui nous fait un
 au 3ème tweet, @ pjournel au 8ème et @ guybirenbaum qui nous fait un ![]() au 7ème.
 au 7ème.
À l’inverse, j’ai l’impression que @ MRYemery tire la gueule, pas un smile ces vingt-quatre dernières heures et il n’y a rien de surprenant à ça, depuis le temps que je le lis, je sais que ce n’est  pas dans ses habitudes. Mais du coup, sa timeline me paraît… comment  dire… plus austère ? Moins joyeuse ?? Sourit-il vraiment dans la vie ?!?  Bien sûr, ceux qui connaissent son écriture savent comment déceler  l’ironie de ses paroles mais quand même, j’ai le sentiment que rien  n’est plus significatif encore aujourd’hui dans un message qu’un ![]() franc et sympathique.
 franc et sympathique.
Tiens, d’ailleurs, je remarque que ces personnes citées faisant usage du : ) ne font pas l’économie du nez, je veux dire le “-” entre le “:” et  le “)”. Faut-il en tirer une conclusion (bien hâtive) que les jeunes  préfèrent aller encore plus directement au fait ? Je : ), pas besoin que  je : – ), tu piges ! Sans évoquer le caractère supplémentaire pour un tweet (ou à l’époque du sms limité), il y a aujourd’hui de quoi se fatiguer le clavier.
De ces constats, il n’y a pas de conclusion à imposer. Je n’en ai pas la prétention. Héritage du sms, héritage du lolcat, héritage d’une culture et d’un champ lexical en berne (une excuse à la Finkelkraut), que sais-je encore ! Je préfère laisser les conclusions aux pros.
Mais pour loler, je me lance dès maintenant dans une petite expérience : faire disparaître de toutes mes conversations écrites les smileys, les lol et autres variantes du rofl. Je crains de me faire avoir tellement la pratique est devenue naturelle. Je peux également craindre que les gens pensent que je leur fasse la gueule, et je vais aussi probablement éviter certaines blagues ou des nuances casse-gueule. J’ai annoncé sur Twitter une semaine de lolfree. J’essaierai d’aller plus loin afin de tester l’étendue d’un monde sans cyber-sourire. Enfin, du moins jusqu’au prochain #fail !
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Billet initialement publié sur Vinzblog
Image CC Flickr Visions photographiques et Rob Boudon

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