Jonathan Harris, poète des data

Le 8 novembre 2010

Si vous pensiez que des mots aussi barbares que "datamining", "base de données" ou "ontologies" ne pouvaient pas créer de la beauté et de la poésie, c’est que vous ne connaissez pas encore Jonathan Harris.

Si vous pensiez que des mots aussi barbares que datamining, base de données ou ontologies ne pouvaient pas créer de la beauté et de la poésie, c’est que vous ne connaissez pas encore Jonathan Harris.

Harris est un artiste des données. Du haut de ses 31 ans, il a déjà à son actif une vingtaine de projets visibles sur son site, number27. Alors qu’il travaillait sur un projet de visualisation de l’actualité, 10×10, il croisé Upendra Shardanand, CEO de Daylife, une plateforme de publication pour sites d’actu. Shardanand dit de lui très justement:

Harris comprend le web intuitivement. Il l’utilise comme un sculpteur utilise l’argile.

Sa technique tient dans le code (il maîtrise PHP, ActionScript, Java et C++), son inspiration reste la même : comment raconter des histoires sur le web, et comment raconter les histoires du web. Il est fasciné par l’art de raconter des histoires et de transmettre un message à travers elles.

Il a donné une présentation à la conférence de l’ONA, le 30 octobre dernier, largement saluée comme la meilleure du week-end. La vidéo est un enregistrement du livestream. Harris a participé à une conférence TED il y a deux ans, produisant une vidéo de meilleure facture placée au pied de la page.

We Feel Fine

We Feel Fine est un ‘aspirateur’ cherchant, sur les blogs, toutes les phrases contenant les mots I feel ou I am feeling. Il mouline les phrases avec de puissants algorithmes qui mettent en forme des millions de sentiments publiés sur le web. Cette somme de pensées est agrégée dans un applet Java, où Harris a tenté de reproduire les mouvements humains. Si vous laissez l’applet ouvert, les sentiments s’agglomèrent. A l’inverse, si vous cliquez au hasard, ils s’enfuient loin du danger que représente le curseur. Les statistiques produites par l’outil sont également impressionnantes. Harris arrive par exemple à montrer que le sentiment de joie augmente régulièrement jusqu’à 60 ans, période où le sentiment de solitude reprend le dessus.
Harris a donné une présentation TED sur le sujet il y a 3 ans.

La chasse à la baleine

Interface de visualisation du diaporama de "The Whale Hunt"

En mai 2007, Harris part observer les pêcheurs de baleine en Alaska. Plutôt que d’en ramener un reportage ou même un webdoc, il réinvente complètement le mode de récit sur le web.

Pour produire Whale Hunt, Harris a pris une photo toutes les 5 minutes pendant une semaine. La fréquence des photos était fonction de son rythme cardiaque: plus il augmente, plus il prend de photos. Le résultat est une mosaïque de photos où l’on peut suivre, minute par minute, le voyage de Harris. Il nous plonge au plus près de son expérience, sans aucun recul.

I want you to want me

Avec I want you to want me, Harris répondait à une demande du musée d’art moderne de New-York. Il a agrégé les profils trouvés sur les sites de rencontre pour montrer comment les internautes se présentent, cherchent à plaire et trouver compagne ou compagnon.

Présentation TED, 2008

Illustration CC FlickR  Andy Polaine

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