Bilan de la première édition parisienne du MaMA

Le 20 octobre 2010

Paris accueillait les 15 et 16 octobre derniers l'année 1 du MaMA, le rendez-vous international des professionnels des musiques populaires. Retour sur un événement globalement réussi.

Le MaMA s’est installé cette année pour la première fois à Paris, avec pour objectif de réunir les professionnels des musiques populaires pour deux jours d’échanges, de conférences et de rencontres mais aussi de concerts. Quel bilan peut-on tirer de la manifestation qui entend bien s’installer durablement ?

Année 1 : bilan satisfaisant

L’équipe d’OWNImusic a arpenté le XVIIIème arrondissement parisien deux jours durant à l’occasion de la première édition du MaMA, le salon professionnel des “musiques populaires”. L’éditon 2009, qui avait eu lieu à Bourges en amont du Printemps a en effet été qualifiée d’année “zéro” par son fondateur Daniel Colling lors de la conférence de presse de clôture des festivités, samedi soir. Trois raisons à ce déménagement : la proximité trop immédiate du festival, qui faisait de l’ombre au salon, une volonté d’internationaliser la manifestation (il est plus facile de faire venir les intervenants étrangers à Paris) et enfin l’absence de subvention de la part du Cher.

L’arrivée du salon dans la capitale, le premier du genre à Paris (aussi étonnant que cela puisse paraître), marque pour son équipe dirigeante la volonté d’instaurer des rencontres professionnelles à l’échelle internationale. Une telle initiative n’existait jusqu’alors pas en France, à l’exception du MIDEM qui n’est pas à proprement parler un événement français. De ce point de vue, on peut parler de réussite : 1926 professionnels ont en effet été accrédités, parmi lesquels 30% d’internationaux originaires de 39 pays.

Bonne organisation, belles occasions de rencontres, convivialité et rythme convenable, le MaMA a choyé ses participants en proposant des ateliers professionnels “speed meeting” mais aussi des cocktails tout aussi efficaces pour initier des contacts intéressants.

L’industrie de la musique, cette géronto-phallocratie

Pour ce que est des conférences, que vous avez pu suivre via notre compte Twitter lorsque les connexions wifi le permettaient, notre avis est plus mitigé. Si les sujets abordés s’inscrivaient pertinemment dans les problématiques auxquelles l’industrie fait actuellement face, on peut regretter que nombre d’intervenants étaient issus de la “vieille” industrie de la musique.

Ainsi, les conférences, plutôt que de favoriser un réel débat entre les participants (sans parler du public), se sont souvent bornées à des échanges de points de vue poliment écoutés par les uns et les autres. On pense notamment à la conférence du vendredi après-midi intitulée “Un nouveau modèle économique pour les musiques populaires ?”, qui n’a pas vraiment tenu ses promesses, malgré la qualité des intervenants.

Autre point qu’un certain nombre de membres du public a noté : l’absence flagrante de femmes dans les panels. Certes il reflète la phallocratie inhérente au business de la musique, mais on peut s’interroger : y a-t-il si peu de femmes capables de prendre part aux débats qui agitent l’industrie ?

Quant à la pertinence de s’interroger sur l’état de celle-ci en 2025 (conférence Muzik2025 au studio 128, samedi après-midi), elle a fait sourire. Voir un panel majoritairement issu de “l’ancienne génération” de dirigeants donner des leçons et imaginer un futur alors même qu’ils ont clairement échoué (pour le moment ?) a construire un présent satisfaisant pour leur secteur semblait pour le moins ironique. Ou alors peut-être avons nous l’esprit mal placé.

Une suggestion pour l’an prochain ? Donner davantage la parole à ceux qui cherchent (et trouvent) des solutions pour dynamiser l’industrie de la musique, tous ces dirigeants de start-up ou services innovants, qui s’ils n’ont sans doute pas le poids ni la respectabilité de leurs aînés, pourront probablement ouvrir d’intéressantes perspectives pour un public qui les aurait accueillies avec plaisir.

Quant à l’avenir justement, Daniel Colling a évoqué la possibilité d’étendre la durée du MaMA à trois jours, le jeudi et vendredi étant réservés aux professionnels et le samedi davantage tourné vers les publics. Des publics qui n’ont d’ailleurs pas été négligés cette année avec pas moins d’une soixantaine de concerts dans les salles avoisinantes (Divan du Monde, Cigale, Boule Noire, 3 Baudets…) et les bars du quartiers, répartis sur deux soirées. C’est d’ailleurs une des grandes réussites de cette édition, la programmation minutieuse ayant eu de quoi satisfaire les spectateurs, qui d’ailleurs n’ont pas boudé les diverses manifestations, les concerts affichant un taux de remplissage de 95%.

Pour notre part, nous notons que cette première véritable édition du MaMA a posé de bonnes bases que nous avons hâte de voir confirmées l’an prochain. Il est certain que Paris se devait d’accueillir une telle manifestation, espérons maintenant qu’elle se pérennisera et saura s’imposer sur la scène internationale. C’est sans doute son enjeu majeur.

Crédits photos : MaMA / FlickR CC : Dunechaser

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