La NR est par terre, c’est la faute à …

Le 1 octobre 2009

Internet bien sûr. Mais avant de causer frilosité numérique, la moindre des choses, c’est de saluer une rédaction présente dans le département depuis plus de soixante ans. Désormais, la presse “historique” se réduit dans le Cher à un seul journal, Le Berry républicain et son site Internet. Hier, l’édition du Cher de La Nouvelle République [...]

Internet bien sûr. Mais avant de causer frilosité numérique, la moindre des choses, c’est de saluer une rédaction présente dans le département depuis plus de soixante ans. Désormais, la presse “historique” se réduit dans le Cher à un seul journal, Le Berry républicain et son site Internet. Hier, l’édition du Cher de La Nouvelle République a fermé (elle connaît un “sursis” d’un mois sur le Net, j’en avais parlé dans un précédent billet). Cette décision entre dans le cadre d’un plan social prévoyant 181 licenciements pour raisons financière, annoncé cet été.

Dans le contexte actuel de la PQR, travailler avec des “rivaux” est devenu un luxe rare, réservé à 21 départements. Oui, un luxe. Car s’il est certains secteurs de l’économie où l’on peut se réjouir de voir disparaître un concurrent, dans le cas de la presse, c’est aussi bon signe qu’une tache brune sur un poumon de fumeur. Un journal n’est pas un pot de yaourt. Dans ce métier, la concurrence est saine, source d’émulation. “Mettre un râteau à La NR“, c’était bien démarrer sa journée. S’en prendre un, une incitation à se bouger les fesses pour faire oublier le ratage.
Sur le web, fini les embargo à respecter pour les faits divers. Car nos collègues de La Nounou étaient de nos internautes les plus fidèles, guettant l’info qu’ils n’auraient pas.

Mais revenons-en au sujet de ce billet, Internet comme bouc émissaire fort pratique, une fois de plus. Comme si la PQR, déjà, avait attendu de lancer ses sites pour entamer son lent déclin… Mais passons. Florilège.  “Tu vois, La NR a perdu 25.000 journaux depuis qu’ils ont mis tout leur journal en ligne.””On se tire une balle dans le pied en mettant les articles en intégralité.” J’arrête-là, sinon c’est direct la plaquette de Temesta (pour calmer mes nerfs, s’entend ;-) )

Ben oui, et les vendeurs d’attelage ont aussi perdu plein de vente lorsque la voiture est arrivée, et leur sort n’est pas allée en s’arrangeant. Certaines personnes ont d’abord eu peur en voyant débarquer les autos sur leurs routes. Cette invention du diable faisait du bruit, puait et allait vite. Internet ne pue pas, sauf quand un insecte grille dans la tour, Internet ne fait pas de bruit, hormis le ronron du ventilateur, en revanche, Internet va vite. Rapidité de la circulation de l’information et surtout de la croissance du lectorat.

Que le business model de la PQR sur le web n’ait pas émergé est un fait. Ce n’est pas une raison pour ne pas investir dedans puisque, de fait, les lecteurs migrent dessus et avec eux la publicité. La génération Y, bien sûr. L’autre jour, des lycéens que j’interrogeais sur leur webzine m’ont dit, un peu gênés : “On ne lit pas votre journal. “Je m’en doutais… ;-)”. Les jeunes s’informent oui, mais sur Internet. C’est à la PQR d’aller les chercher là où ils sont naturellement. Cela ne va pas non plus sans une réflexion de fond sur les contenus qu’on leur propose, comme le souligne ce mémoire en sciences de l’information et de la communication d’Aude Rouger, Les jeunes et la (non-)lecture de la presse quotidienne régionale.

Quant à la génération X, elle s’est mise aussi à remuer la souris pour s’informer. Et même l’équation retraité = handicapé du mulot va devenir de plus en plus fausse dans la mesure où les cohortes de baby-boomers sur le départ ont utilisé Internet au boulot.
Ce constat d’un besoin de financement utile et nécessaire n’a rien de nouveau, une étude de 2006 menée par Précepta (groupe Xerfi) arrivait déjà à cette conclusion :

“La profession est en fait confrontée à trois grands défis d’avenir (…)

3-Se positionner sur les médias électroniques. Ce virage est vital : non seulement il convient d’accompagner les lecteurs sur les nouveaux supports d’information mais aussi de séduire la génération des “screenagers”, qui n’a manifestement pas d’affinités avec la presse papier. Plus encore, il s’agit de prendre des positions fortes sur un média, vers lequel les petites annonces – l’un des marchés-clés de la PQR-, et plus timidement la publicité commerciale, commencent à migrer. (…)

De plus, contrairement à l’imprimé, le besoin de renouvellement technique est aussi beaucoup plus fréquent. Un site se périme plus vite qu’une maquette papier : outils, pratiques, maquette… Pour revenir à La NR, l’erreur en l’occurrence a été de ne proposer qu’un copié-collé du print, sans le penser comme un média à part entière, et de ne pas le faire évoluer.

A fortiori maintenant, la PQR doit donc mettre non des billes, comme elle le fait, mais des calots, tant que les reins sont encore assez solides. Il faut courir deux lièvres à la fois, sans doute investir sans rentabilité immédiate dans un premier temps.

Cet engagement sur le Net implique d’adopter le cours rapide de son évolution. De rompre avec les habitudes de diesel ronronnant de la PQR.

Sinon, le danger (?, tant qu’y de l’info, y a d’la démocratie…) pourrait plutôt venir de pure players souples et réactifs, lancés, c’est une hypothèse, par des journalistes issus du print décidés à prendre leur sort en main.

> Article initialement publié sur PQR mon amour, un blog propulsé par la soucoupe

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