Bonjour :)
Ici Geoffrey pour votre chronique “Vendredi c’est Graphism” ! Cette semaine, c’est France 3 qui s’illustre grâce à l’agence Australie et en présentant leur première collaboration matérialisée autour de cette campagne d’affichage mais aussi dans la presse, à la radio et sur le web. Retour sur ces affiches qui ont fait parler d’elles, chose rare pour une chaîne de télévision.
Changer le regard porté sur France 3 en valorisant les valeurs de proximité de la chaîne, en phase avec son époque.
L’image de France 3 est, vous le savez, assez réservée et sérieuse, cependant, elle offre un contenu riche et varié avec des programmes spécifiques à la chaîne comme “Thalassa”, “Des Racines et des Ailes” ou encore la célèbre série “Plus belle la vie”. Le défi de changer cette image sérieuse et parfois un peu “vieille” était de taille. Cependant, France 3 faisant partie du groupe France Télévisions, ne pouvait pas se permettre tout et n’importe quoi, d’où l’idée de définir une direction claire dans leur statégie de communication :
Ancrée et active sur le terrain, concernée par l’actualité, la culture populaire, son environnement et son époque, France 3 est la chaîne grand public qui nous ressemble, qui nous concerne. Plus que jamais, France 3 est un repère ; Elle n’offre pas seulement une proximité géographique, mais une proximité de valeurs avec les téléspectateurs qui ne se reconnaissent pas dans les excès de la télévision actuelle.
Cette campagne commence donc avec un spot vidéo très calme, sans musique avec une voix off et l’apparition fluide des éléments typographiques et iconographiques. Le spot, très certainement réalisé avec le logiciel After Effect, utilise très peu d’effets et contrebalance donc leur discours très provocateur qui est “Chez nous, c’est différent de chez les autres”, comprenez que France 3 ne fait pas de télé-réalité, de télé-sensation ou de films pour adultes, etc.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
La campagne se décline également en affiches, les mêmes que sur le spot, et qui s’imposent par leur discours vraiment décalé. La finesse de ces affiches se situe (comme souvent pour les affiches réussies) dans le fait qu’elles font appel à l’intelligence du lecteur. En effet, en ne citant pas directement le type d’émission qu’il critique, le texte de l’affiche est tourné dans sa forme négative. Ainsi, pour le lecteur, il est très simple d’inverser le processus et de comprendre que France 3 parle de l’émission “Déco”, de “Secret Story”, des séries américaines ou des télé-achats.
(source)
Les affiches sont simples et sont toutes composées :
• d’un fond coloré avec un dégradé
• d’une phrase en grand, en gros
• d’une image d’une émission dans une télévision
• du logo de France 3
• de leur nouveau slogan “Vous êtes au bon endroit”
La récurrence d’un système graphique permet la cohérence et créé ainsi l’identité de la “marque” ou plus précisément, de la campagne de communication. La plupart des séries d’affiches fonctionne ainsi et joue sur ce système de répétition. Étrangement, ces affiches n’ont pas l’allure d’affiches publicitaires.
Côté typographie, une drôle de surprise : le caractère “Impact” a été utilisé ! Oui, Impact est une typographie sans-serif conçue par Geoffrey Lee en 1965 et publié par la fonderie Stephenson Blake. Ses traits ultra-épais, son interlettre très serré, sa grande hauteur de x, ses contreformes réduites font son aspect et son identité. Comme son nom le laisse à deviner, la typo “Impact” est dessinée à l’origine pour les titres de journaux. L’impact est l’une des polices de base pour le Web et est distribuée avec Microsoft Windows depuis de nombreuses années.
À l’heure de la culture web, la typo Impact est surtout utilisée pour réaliser des images de mèmes, des images de lolcats, etc. Elle a donc une image assez mauvaise dans la culture de l’imprimé et sera considérée comme ringarde ou un peu kitsch.
(source)
Côté graphisme, ces affiches me donnent un drôle de sentiment. En effet, leur composition est propre, tous les éléments sont bien calés sur une grille, les textes sont à peu près bien calés aussi… mais ! Car oui, il y a ce “mais” qui m’ennuie.
• Les couleurs sont des couleurs qui ressemblent à des couleurs RVB (rouge vert bleu, des couleurs pour l’affichage sur écran), plutôt que des couleurs CMJN (cyan, magenta, jaune noir, des couleurs pour l’impression). Je me demande donc quelle sera la qualité du rendu une fois ces affiches imprimées ?
• La typographie, j’en parlais précédemment, n’est pas une typographie très élégante, très intéressante graphiquement et c’est une typographie installée par défaut sur les ordinateurs. L’impression qu’il n’y a pas eu vraiment de recherche en ce sens est forte. Cependant, j’en parlais également plus haut, c’est une typographie très utilisée sur des images produites pour le web. A-t-elle été choisie dans ce but ? Allez savoir.
• Le dégradé sur l’affiche n’a pas grand intérêt, et surtout, la télévision avec le câble qui pend n’est pas très élégante et ne fait pas “corps” avec le reste d’ l’affiche. Elle semble avoir été posée par hasard.
Sur le site de l’agence Australie, on y découvre la stratégie de marque proposée pour France 3.
• Une nouvelle signature pour la chaîne. “France 3, vous êtes au bon endroit”, une manière d’affirmer la solidité et la singularité de la chaîne : ancrée et active sur le terrain à travers l’information et les offres régionales, passionnée et enrichissante dans son offre de programmes (culture, découverte, évasion, arts de vivre, fictions familiales et historiques, décryptage et pédagogie de ses magazines et documentaires), naturelle et bienveillante dans le ton et la diversité des points de vues qui s’expriment.
• Une nouvelle campagne que l’agence Australie a voulu drôle et décalée pour marquer les esprits, conforter son public et donner envie de la redécouvrir pour d’autres.
• Selon Valérie Manzic, directrice de la communication externe de France 3,“l’ambition de cette campagne est bien de valoriser l’image de la chaine. France 3 assume ainsi fortement sa place originale et revendique sa solidité dans le paysage audiovisuel français : une offre différente, claire et positive qui n’a de cesse d’évoluer. L’humour renforce la proximité avec notre public et incitera le public à la redécouvrir”
L’accueil de cette campagne sur les différents réseaux sociaux ne s’est pas fait attendre et s’avère être plutôt bon auprès du public, je constate donc que c’est une petite réussite pour un ensemble d’affiches destinées à modifier l’image de France 3.
Délicieusement irrévérencieuse, cette nouvelle campagne pub de France3 facebook.com/media/set/?set…
— P_Deshayes (@P_Deshayes) Octobre 1, 2012
Autant j’avoue que c’était pas ma chaîne préférée, autant je trouve cette campagne depub géniale ! #France3 graphism.fr/les-affiches-d… — Cheshire Sonyan (@cheshire_sonyan) Octobre 3, 2012
La campagne de #France3 se veut drôle & décalée pour marquer les esprits et conforter son public. Autre affiche #humour twitter.com/ThomBertin/sta…
— Thomas Bertin (@ThomBertin) Octobre 1, 2012
France 3 et l’agence Australie taclent la télé en 7 accroches | golem13 | #marketing #Affiche bit.ly/QAcMyf — Mika (@chocomilka) Octobre 2, 2012
Aller, une dernière affiche de la campagne de @france3tv (“trash” mais très drôle). France 3, vous êtes au bon endroit. twitter.com/ThomBertin/sta…
— Thomas Bertin (@ThomBertin) Octobre 1, 2012
Honnêtement, cette affiche est moyenne non? #France3 strategies.fr/creations/1960…
— Valentin Planche (@Wing_11) Octobre 2, 2012
Il y a quelques temps déjà apparaissaient dans les transports en commun des affiches minimalistes, drôles et intelligentes pour mettre en avant des films connus. Aux manettes ? La chaîne de télévision Canal+ qui réalisait cette campagne à succès dont beaucoup partageaient les images sur Facebook ou Twitter. La qualité graphique était également au rendez-vous, à mi-chemin entre le dessin, l’affiche de propagande et la typographie très bien exécutée.
Retour en images.
Pour conclure simplement sur cette campagne qui semble réussie, il est vrai que les accroches sont bien pensées, surprennent de par leur côté décalé pour cette chaîne de télévision parfois timorée. Cependant, il ne faut pas oublier le graphisme et la qualité visuelle des affiches. La typographie, les couleurs, la composition et le choix des images auraient pu avoir un traitement encore plus méticuleux, plus audacieux et auraient eu, j’en suis sûr, un impact (sans jeu de mots), encore plus fort.
Je reste très curieux de voir si les autres chaînes du groupe France Télévisions vont s’aligner dans cet esprit graphique et décalé ou si la campagne de France 3 restera une exception.
En tous les cas, je vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel épisode de Vendredi c’est Graphism !
]]>Des infographies drôles et pas idiotes réalisées par Les Graphiquants, qu’OWNI a enrichi pour vous avec des bandes annonces, des making-of… et quelques bêtises. Une pépite retrouvée par Korben.
taille réelle| source de l’image
Alors, oui comme souvent on remarque que certains prix sont parfois exorbitants (mais pas tout le temps, heureusement) et pour un résultat extrêmement médiocre. Il va de soi que ces “tarifs” constituent parfois la création du logo, parfois la campagne qui l’a déployé, parfois la communication aussi qu’il y a derrière – le détail). Au final il est assez complexe de trouver une « moyenne » ou une vision globale du marché de l’identité visuelle en France mais le vrai conseil que je pourrais donner c’est de travailler peut-être plus avec des petits ateliers, des freelances ou des agences graphiques (et pas forcément des agences de pub) pas trop grosses afin de pouvoir avoir un logo et une identité visuelle vraiment sur mesure et pas réalisée par un stagiaire dans un placard (et ça arrive encore). Vous l’aurez compris par vous même, ce graphique n’est pas parfait mais il soulève malgré tout une certaine facette du marché ;-)
>> Article initialement publié sur Graphism.fr
]]>Poster : Marion Boucharlat CC pour OWNI
Textes : Sabine Blanc
Un “Vendredi c’est Graphism”, assez enneigé aujourd’hui mais promis, on reste au chaud devant OWNI ;-) Cette semaine, nous avons pu assister au résumé en dessin animé de l’affaire Wikileaks, mais ça a été aussi l’occasion de s’intéresser aux typographies de nos séries télé préférées. Je vous proposerai également de vous pencher sur le dernier spot de Google et de celui de Moleskine, on finira aussi sur une affiche, un dessin “animé” d’une rare beauté, et un drôle de WTF en forme de génie japonais très très très étrange. Bonne lecture ;-)
Allez, pour commencer cette petite revue de la semaine, voici de la news toute fraîche : nous l’attendions, le voici, le dessin animé 3D qui reprend l’histoire de Wikileaks! Vous êtes très certainement au courant de ce qui ce passe en ce moment sur le web et l’histoire de Wikileaks et du CableGate, c’est en effet un grand moment historique qui a son lot d’actualité chaque jour.
Le résumé :
En quelques mots, Julian Assange au travers son site Wikileaks a permis une plus grande transparence du système en révélant de nombreux « secrets « gouvernementaux. Mais ces documents ont irrité les hauts responsables du monde entier. Peu de temps après, le sénateur américain Joseph Lieberman a fait pression sur plusieurs sociétés Internet afin qu’elles retirent Wikileaks de leurs services. Plutôt que de protéger la liberté sur Internet, Amazon et PayPal ont volontiers accédé à la demande des États-Unis. De même, certains représentants du gouvernement américain affirment que Julian Assange devrait être assassiné (Sarah Palin a également dit qu’il devrait être traqué comme un terroriste…). Pendant ce temps, Assange a été arrêté au Royaume-Uni sur les accusations de « viol » qui n’en est pas un. Il a promis de libérer plus de documents très importants s’il devait être arrêté ou tué.
Le dessin animé :
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Toujours cette semaine, nous avons pu apprécier un drôle d’essayage de vêtements via Google. Ce « défilé de mode avec Google » est un spot télé de 30 secondes réalisé par Robbin Ingvarsson et Waldemar Wegelin pour la campagne de Google au Japon. L’idée est de mettre en avant les fonctionnalités de recherche de Google avec notamment le tri par couleur des fonctions de recherche d’image.
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Allez, on enchaîne notre revue de la semaine avec une actualité vraiment sympathique, il s’agit de la publication, par WebDesignerDepot des typographies de nos séries télé préférées. L’idée est de pouvoir ainsi savoir quelle fonte se cache derrière quelle série et ainsi, pourquoi pas, de réconcilier un peu la typographie et la télévision ? ;-)
Helvetica 35 Thin & Didot Roman
Eurostile Extra Bold ou Microgramma
Allez, après ce petit instant typo, on se détend les yeux avec un travail tout simplement magnifique, et il fallait absolument que je vous le partage. Cette animation 2D, dessinée par Ryan Woodward est à regarder, et à admirer :
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Petite actualité personnelle pour le coup, car cette semaine, j’ai eu l’occasion de réaliser cette affiche pour protester contre la fermeture de tous les sites Wikileaks. En effet, les gouvernements partent à la chasse au Wikileaks, pour leur meilleur et pour notre pire. Une affiche “coup de gueule” donc :
Toujours cette semaine, Rogier Wieland a publié sur son portefolio une très belle animation mettant en scène le fameux carnet Moleskine. L’idée était de mettre en avant la nouvelle gamme de Moleskine “Extra Small Planners”, le tout, en stop-motion et en restant assez simple tout au long de la vidéo. Un beau travail donc !
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Le WTF de cette semaine (de plus en plus attendu ;-)) est vraiment très honteux, il s’agit d’un super héro japonais très porté sur le caca… Pardon, désolé, excusez-moi, voici un WTF que vous n’oublierez pas :
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Bon, difficile d’enchaîner après ce WTF, je vous invite donc la semaine prochaine à des rendez-vous un peu plus sympathique comme par exemple La conférence sur le design de la presse en ligne qui à lieu à Paris le 14 Décembre (j’en serai) ou encore la grosse Battle Graphique au Studio SFR, le 16 Décembre (j’y serai également). Et sinon… À vendredi prochain ;-)
]]>Ici Geoffrey et je vous présente aujourd’hui le 16e épisode de “Vendredi c’est Graphism!”. C’est donc reparti avec une revue de la semaine remplie d’images avec notamment : l’identité visuelle de la Hadopi, enfin diffusée, avec également un nouveau concept d’interface tout en papier, ou encore avec une série d’affiches WTF de très bon goût ;-) On aura aussi l’occasion de se pencher sur un travail très élégant mélangeant pixel-art et papier ou encore un extraterrestre dans un appartement.. Wouw ! Bonne lecture !
On commence donc notre revue de la semaine avec un document qui a été révélée avant-hier. Il s’agit de la charte graphique de la Hadopi qui a été publiée ! On se rappelle bien des histoires rocambolesques qu’il y avait eu avec le tout premier logo, puis le second, bref, aujourd’hui Numerama publie la charte graphique réalisée pour la Hadopi. Une charte très classique mais toujours intéressante à éplucher quand on s’intéresse au graphisme et au branding corporate.
On découvre donc la tête du courrier que les « méchants pirates » recevront, mais aussi le graphisme de l’enveloppe, de la carte de visite des représentants de la Hadopi, les choses « à ne pas faire » avec le logo, ou encore l’iconographie utilisée pour l’image de marque.
Voici d’ailleurs quelques extraits :
Toujours cette semaine, j’ai découvert un travail vraiment intelligent d’une interface interactive sur papier. Les innovations relatives aux interfaces tactiles sont encore nombreuses mais la dernière que j’ai remarqué est une création de l’Université de Keio au Japon. Un groupe de recherche de cette université a donc développé une interface tactile qui utilise le papier comme point de contact et comme élément visuel. L’idée est donc de prendre la courbure de la surface de la feuille et de jouer avec. Voilà ce que ça donne :
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Après cette vidéo, on enchaîne avec la suite tant attendue de la série d’illustrations “WTF?”. Cette série graphique est réalisée par la société de design créatif “Estudio Minga” qui, au départ avait conçu ces affiches comme des blagues… Et comme souvent, la blague a pris une ampleur plus importante ! Ces illustrations minimalistes ont pour thème le “What de Fuck ?” ou la situation absurde, le n’importe quoi. Je vous laisse découvrir :
Cette semaine fut également pour nous l’occasion de découvrir la grande avancée de Google Earth 6. Le virtuel a réellement fait un pas en avant avec cette nouvelle version de Google Earth. Cette fois, on peut découvrir les forêts (avec une cinquantaine d’espèces d’arbres pour l’instant..) ou encore le travail très important qui a été réalisé pour les transitions entre la 2D et les buildings en 3D. Un sacré travail donc :
Cliquer ici pour voir la vidéo.
C’est l’image gag de la semaine qui aura fait rire les graphistes , j’en profite donc pour faire un petit extra et vous la présenter :
Ce vendredi c’est aussi l’occasion de vous partager un travail graphique tout en bande dessinée avec le travail de la talentueuse et charmante Ruth Afrita, une jeune designeuse de Singapour qui a réalisé cette série de création en papier découpé sur Scott Pilgrim. Le résultat est coloré, précis, très dynamique, à l’image de Scott Pilgrim donc ;-)
On termine cette semaine de Vendredi c’est Graphism avec un bon WTF qui m’aura fait rire il s’agit tout simplement du premier extraterrestre et de sa soucoupe volante… Humm !
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Pour finir notre revue de la semaine je vous invite à partager vos news, vos attentes, vos envies dans les commentaires de cet article et pourquoi pas, m’envoyer vos actus à diffuser ici :-) Soyez sages et ouvrez grand les yeux !
]]>Cette infographie rappelle qu’à la question: “Pour chacune des personnalités suivantes, souhaitez-vous qu’elle ait davantage d’influence dans la vie politique française?”, ceux qui ont représenté le PS à l’élection suprême n’étaient pas forcément les plus plébiscités par les sondés à deux ans du scrutin. C’est le cas pour Ségolène Royal, qui était en 2005 en troisième place, celle qu’occupe Dominique Strauss-Kahn aujourd’hui.
Au-delà de cette focalisation sur les individus, on pourrait tenter de remonter le temps jusqu’à retrouver une université d’été où l’intérêt des médias s’est porté sur le programme du parti, mais les archives de la presse en ligne ne vont pas jusque là.
Le plus surprenant reste la capacité du parti et des journalistes qui le suivent à se focaliser sur une course dont l’issue se règlera dans deux ans. Autant demander à Eugène Saccomano de commenter un marathon:
Alors qu’Aubry et Royal sont au coude-à-coude dans la surface, Delanoë reste en retrait dans le rond central et l’on voit Valls et Hollande remonter sur l’aile ! Aubry semble reprendre le dessus en se dégageant habilement de Royal mais rate son contrôle !!! Oooooh, Martiiiiine, qu’est ce que tu nous fais là ! Sur le banc, DSK commence à s’échauffer et le public crie son nom !
Mais voilà, un match de foot dure 90 minutes. Au PS, la course dure depuis le 21 avril 2002 et une phrase : « je me retire de la vie politique ». Huit ans sans qu’un leader n’arrive à insuffler des idées et une vision à des militants qui ne demandent que ça. Huit ans que politiques, analystes et journalistes se perdent en conjectures pour savoir qui sera le prochain à tenter de ne pas perdre une élection nationale contre la droite.
Cet exercice est d’autant plus lassant qu’il est vain. A plus de 2 ans des élections, les personnalités qui joueront un rôle lors de la présidentielle nous sont encore inconnues. Comme le montre l’analyse que nous avons réalisée sur les élections de 2002 et de 2007 d’après les « cotes d’avenir » établies chaque mois par TNS/Sofres, les personnalités vedettes du PS 20 mois avant l’échéance ont été reléguées au second plan le jour J.
Elisabeth Guigou, dauphine de Jospin en 2000, n’a pas été celle qui a repris le parti en main après l’humiliation de 2002. Bernard Kouchner, malgré une popularité au sommet en 2005 et quasiment égale à celle de Sarkozy (54% en aout 2005), n’a pas pesé sur l’élection de 2007. Delanoë, qu’une grosse minorité des Français souhaiterait voir « jouer un rôle plus important » sur la scène nationale depuis 10 ans, d’après la formulation de la Sofres, ne récolte pas non plus les fruits de son succès. Il y a fort à parier qu’Aubry sera, elle aussi, dépassée en 2012 par celui ou celle qui est aujourd’hui considérée comme une personnalité de second rang.
L’engouement pour ceux qui s’engagent trop tôt n’est pas une spécificité du PS. Aux États-Unis, celui ou celle qui part favori pour les primaires ne devient que rarement le candidat officiel des démocrates ou des républicains. Howard Dean en reste le meilleur exemple : Annoncé vainqueur des primaires en 2003, il a été dépassé par John Kerry lorsque les choses sérieuses ont commencé. Curieuse coïncidence, sa campagne a débuté en mars 2003, soit exactement… 20 mois avant l’échéance fatidique. Dean n’est pas le seul à avoir fait les frais d’une campagne trop vite consumée. En 1980, Ted Kennedy s’est également pris une belle déculottée face à un Jimmy Carter en état de mort politique quelques mois auparavant.
Les problèmes du PS ne se limitent pas à une série de faux départs. Le parti s’est également fait une spécialité de réparer une machine atone avec des pièces usagées. Comme si Domenech avait rappelé Trésor et Giresse, les perdants de France-RFA en 1982, dans son équipe en Afrique du Sud. Laurent Fabius et DSK étaient, eux aussi, déjà actifs au niveau national au début des années 1980.
L’incapacité à faire émerger des nouvelles têtes et à tirer les leçons des échecs tient peut-être au manque de rigueur et de volonté au sein du parti. En 2005, les grands noms du PS ont montré ce qu’ils pensaient des votes internes au parti. En ne suivant pas le choix des militants pour le ‘oui’ au référendum sur la constitution européenne, les Fabius, Emmanuelli ou Mélenchon exposaient au grand jour le manque de leadership de l’opposition. Dans ces conditions, quelle crédibilité apporter aux primaires du PS ?
De la même manière, Laurent Fabius, pourtant 3e des primaires de 2006 avec près de 20% des voix des militants, n’avait à l’époque qu’une cote d’avenir de 22 points. DSK, sorti des primaires sur le même score, avait une cote deux fois supérieure. Les militants PS votent-ils pour celui qui les fera gagner ou en fonction d’impératifs claniques ?
Espérons que l’on cesse de se focaliser pour savoir qui sera calife à la place du calife et que l’on se concentre vraiment sur les idées. Sans forcément souhaiter une victoire du PS, les démocrates doivent se mobiliser pour que les français disposent d’une opposition crédible. L’été 2010 a montré ce dont quoi un gouvernement laissé à lui-même était capable.
Que le PS se rassure néanmoins. Les cotes d’avenir des leaders de droite sont encore plus ternes que celles de Mitterrand en décembre 1991, à son plus bas historique. Les membres du gouvernement plébiscités par plus d’un tiers des sondés restent Rama Yade et Bernard Kouchner. On voit mal l’UMP les adouber en 2012 pour succéder à Sarko 1er.
Photo: CC thestrengthofcow, Gueorgui Tcherednitchenko
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